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Le CIFOR en bref
La science forestière à l’aube du troisième millénaire
Adaptation aux besoins de la recherche stratégique
Evénements marquants en 1999
Influence des politiques mondiales et nationales
Connaissance scientifique et "pratiques optimales" pour une gestion durable des forêts
bullet.gif (105 bytes) Meilleure connaissance des feux de forêt
bullet.gif (105 bytes) De bonnes perspectives pour l’exploitation forestière à faible impact en Indonésie
bullet.gif (105 bytes) Forêts dégradées: récupération de ressources perdues
bullet.gif (105 bytes) Accroissement de la productivité dans les reboisements tropicaux
bullet.gif (105 bytes) Etude des potentialités des forêts secondaires
bullet.gif (105 bytes) Aménagement des forêts de miombo au bénéfice des communautés Africaines
bullet.gif (105 bytes) Pressions humaines, pertes de biodiversité
Pour une amélioration des conditions de vie des populations locales et de la gestion des forêts
Instruments et méthodologies pour l’aménagement forestier
Créer un impact régional
Faire du CIFOR une organisation de la connaissance
Publications de chercheurs et de partenaires du CIFOR
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Personnel du CIFOR
Conseil d’administration
 
Connaissance scientifique et "pratiques optimales" pour une gestion durable des forêts

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Meilleure connaissance des feux de forêt

Les feux qui ont récemment ravagé une grande partie de l’Indonésie ont suscité une grande demande d’action en vue de traiter ce problème. En 1999, le CIFOR et un autre institut partenaire du GCRAI également basé à Bogor, le Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF), ont lancé un projet de recherche conjoint, qui adopte une approche radicalement différente de celle de la plupart des actions concernant la lutte contre les feux.

Les chercheurs s’efforcent de pénétrer au coeur du problème: qui met le feu à la forêt, et pourquoi ? Mettre le doigt sur les causes réelles permettra aux responsables nationaux et régionaux de formuler des réglementations et des réformes de l’utilisation des terres visant à maîtriser les grands incendies, qui souvent échappent à tout contrôle, comme cela a été le cas en 1997-98 et avant.

Les études de terrain, financées en grande partie par le Service forestier des Etats-Unis et coordonnées par Graham Applegate, du CIFOR, ont commencé en 1999 sur huit sites de Sumatra et du Kalimantan – les deux régions les plus durement touchées par les feux de 1997-98. La méthodologie combine la recherche sociologique à la télédétection et au SIG pour fournir une analyse complète des origines des feux, des motivations de ceux qui les allument, et des impacts sociaux et écologiques. Dix sites ont été choisis pour des études approfondies, représentant différents types de forêts et d’utilisation du sol, situations socioéconomiques et autres facteurs pouvant contribuer aux grands incendies, tels que le régime foncier en usage.

Les résultats initiaux indiquent que le problème est très complexe, et varie notablement d’une province à l’autre. "La recherche montre que le feu peut être utilisé comme un outil utile ou comme une arme dans différents scénarios," note Rona Dennis, cordinateur de la télédétection et du SIG pour le projet.

Sur l’un des sites de Sumatra, par exemple, les études ont révélé des conflits profonds entre les habitants et les sociétés qui établissent des reboisements industriels et des plantations de palmier à huile – tensions qui sont exacerbées par des politiques mal adaptées d’aménagement des terres. Les chercheurs ont noté des incidents au cours desquels des populations locales ont délibérément allumé des feux pour se venger d’avoir été dépouillées de terres qu’elles utilisaient auparavant pour l’agriculture. Au Kalimantan occidental, l’un des sites de l’étude se trouve dans un parc national, où la population locale a utilisé le feu depuis des siècles pour brûler des bosquets de forêt marécageuse en vue de la pêche. Mais aujourd’hui, montre l’étude, un afflux croissant de population, et les conditions de grande sécheresse associées à El Niño, entre autres facteurs, font des incendies de forêt un problème majeur dans la région.

Le travail CIFOR-ICRAF emprunte aux conclusions de projets complémentaires d’étude des feux menés par plusieurs autres organisations. Les chercheurs intégreront en définitive les études de sites particuliers et les évaluations à l’échelle d’une île afin de fournir une base solide pour l’analyse et les recommandations destinées à orienter la politique du gouvernement.

Ce travail arrive à point nommé et s’applique particulièrement à l’Indonésie à un moment où la démocratisation et un mouvement vers la délégation de pouvoir ouvrent des perspectives de changement de politiques. L’information obtenue aidera d’autre part des institutions telles que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), qui s’est engagée à lutter contre le brouillard de fumée qui s’étend par-dessus les frontières, provenant des incendies de forêt répétés.

Les recherches doivent se poursuivre avec un financement supplémentaire de l’Union européenne. Les phases ultérieures comprendront une formation et une assistance technique pour renforcer la capacité de l’Indonésie de mener une recherche et une analyse sur les feux de forêt.

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"Les experts s’accordent à reconnaître que les grands incendies de forêt de 1997/1998 en Indonésie ont été une catastrophe écologique mondiale."

The Jakarta Post, 29 juin 1999

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De bonnes perspectives pour l’exploitation forestière à faible impact en Indonésie

Les résultats préliminaires d’expérimentations récentes dans la forêt de recherche de Bulungan sont très encourageants pour les forestiers d’Indonésie qui voudraient voir adopter des pratiques d’exploitation plus écologiques dans toutes les forêts du pays. Selon une analyse coûts-avantages effectuée par Hariyatno Dwiprabowo, les techniques d’exploitation à faible impact sont moins coûteuses et moins destructives que les méthodes classiques. "Bien que l’expérimentation indique qu’il y a encore place pour des améliorations, c’est une approche très prometteuse pour l’adoption par les concessionnaires d’Indonésie," conclut-il.

L’exploitation à faible impact consiste en l’emploi de méthodes d’extraction des bois conçues pour réduire les importants dommages écologiques causés par les méthodes classiques d’exploitation. Les études d’exploitation à faible impact menées dans d’autres pays ont démontré sa viabilité et sa rentabilité. Les résultats peuvent varier, toutefois, selon les conditions locales. C’est pourquoi le gouvernement indonésien a demandé que soient menées ces expérimentations afin de tester la viabilité de l’approche pour les forêts d’Indonésie. L’Organisation internationale des bois tropicaux a fourni une aide importante pour cette recherche.

Jusqu’à maintenant, l’exploitation dans les forêts nationales causait des dommages excessifs aux peuplements résiduels, et produisait de grandes quantités de déchets. Ces dommagez sont susceptibles de ruiner l’écologie et la résilience des forêts. Ils réduisent les habitats de la faune sauvage, contribuent à l’érosion et accroissent les risques de dommages d’incendie. Cependant les concessionnaires forestiers d’Indonésie craignaient que les techniques à faible impact accroissent les coûts de l’exploitation en raison de la nécessité d’une meilleure planification et d’un contrôle acccru des coupes.

Le principal partenaire du CIFOR dans les essais de terrain est Inhutani II, société forestière d’Etat; Plinio Sist, écologue forestier, a supervisé l’application des techniques d’exploitation à faible impact. Les expérimentations, menées sur des parcelles de 100 hectares, avaient pour objet de comparer l’exploitation traditionnelle avec l’exploitation à faible impact en ce qui concerne la productivité, la quantité de résidus laissés en forêt et les coûts de l’exploitation, entre autres choses. L’évaluation des coûts était basée sur les coûts de fonctionnement ou coûts techniques, en rapport principalement avec la planification préalable et les opérations d’abattage et de débardage.

L’étude préliminaire a montré que, par comparaison avec l’exploitation classique, les méthodes à faible impact améliorent la productivité. Les coûts de la planification préalable à la coupe sont certes plus élevés en raison de la nécessité d’un inventaire plus précis et d’une formation plus intensive du personnel, mais ces frais supplémentaires sont compensés par le coût plus faible des opérations d’abattage et de débardage du fait de la productivité plus élevée due à une meilleure organisation préalable. Les méthodes d’exploitation à faible impact produisent d’autre part un volume notablement plus faible de pertes de grumes (abandonnées en forêt) en raison d’un meilleur tracé des pistes de débardage et d’un abattage correct. Cela se traduit par un meilleur revenu potentiel pour l’exploitant. Enfin, les dommages au sol sont moins importants du fait de la réduction notable des trouées dues aux pistes de débardage et aux dépôts transitoires, et les dommages aux arbres restant sur pied s’avèrent également moindres.

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Forêts dégradées: récupération de ressources perdues

Dans le cadre d’un important projet financé par le Japon, le CIFOR et ses partenaires de recherche dans plusieurs pays étudient les meilleures méthodes en vue de restaurer les forêts dégradées et accélérer la régénération naturelle dans les forêts qui ont été exploitées.

Les connaissances scientifiques dans ce domaine sont limitées, mais elles sont un besoin essentiel. On estime que chaque année 17 millions d’hectares de forêts tropicales disparaissent. Ce problème est aggravé par les dommages causés aux forêts subsistantes par l’exploitation forestière, l’érosion, la mauvaise gestion et autres facteurs. Restaurer la productivité de ces terres aidera à reconstituer les réserves de produits forestiers et assurera la protection de l’environnement et autres bienfaits.

Des essais de terrain sont en cours depuis 1995 sur des sites en Argentine, au Brésil, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Malaisie, au Pérou et en Thaïlande en vue d’étudier un certain nombre de mesures correctives. L’Institut japonais de recherche sur les forêts et les produits forestiers à Tsukuba est le principal partenaire du CIFOR dans ce projet, qui est coordonné par Shigeyo Kobayashi. Bien qu’il s’agisse d’études de longue haleine, elles fournissent déjà beaucoup d’information pratique de nature à aider les efforts de restauration des forêts. Pour en faciliter la diffusion, la subvention de l’Office japonais de la coopération internationale finance également la création d’un réseau d’information et de bases de données sur le sujet.

Près d’une quarantaine de chercheurs travaillant sur les sites participants se sont réunis en novembre au CIFOR pour présenter certains de leurs résultats provisoires. Des chercheurs de l’Université Mulawarman au Kalimantan oriental (Indonésie) rapportèrent un certain nombre d’expérimentations dans des forêts mélangées à diptérocarpacées qui ont été exploitées et fortement endommagées par des incendies. L’une des méthodes employées cherche à restaurer la forêt dans ses multiples fonctions par un système de taungya, dans lequel des agriculteurs pratiquent des cultures de rente telles que cacaoyer, soja, caféier, maïs et manioc parmi les jeunes plants d’arbres forestiers. Les chercheurs étudient des méthodes de plantation propres à optimiser la production, assurant ainsi l’appui des populations locales, et présentant de bonnes possibilités d’adoption dans d’autres pays en développement. D’autres chercheurs de Mulawarman étudient, entre autres, les changements biologiques sur diverses essences forestières après le passage du feu et l’effet sur la qualité du bois, et cherchent à déterminer si l’exploitation et l’exposition au feu dans une forêt fragilisée rend les arbres subsistants plus sensibles aux maladies.

Au titre de ce projet également, l’Instituto Nacional de Investigación Agraria du Pérou conduit des essais dans la région de l’Ucayali en Amazonie en vue de reconnaître quelles sont les essences indigènes les plus aptes à reconstituer le couvert végétal sur des champs de culture abandonnés dont le sol est pauvre. De même, des chercheurs de Papouasie-Nouvelle-Guinée recherchent les meilleures essences pour la restauration de forêts exploitées à haute et basse altitude, ainsi que les meilleures techniques de plantation pour optimiser la croissance. Dans une réserve forestière de la région du Jempol en Malaisie, des chercheurs de l’Universiti Putra Malaysia étudient les problèmes de sol qui entravent la croissance de jeunes plants mis en place dans des forêts de plaine exploitées.

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Accroissement de la productivité dans les reboisements tropicaux

Les plantations d’essences à croissance rapide sont une perspective intéressante pour de nombreux pays tropicaux, parce qu’elles aident à satisfaire la demande de bois tout en allégeant la pression sur les forêts naturelles. Elles offrent en même temps un moyen de remettre en valeur des terres dégradées. Cependant, dans de nombreux pays tropicaux, les reboisements ne répondent pas aux espérances de rendement en raison de sols pauvres, d’une érosion ancienne et autres conditions défavorables. Les courtes révolutions aggravent le problème, par suite du lessivage des éléments nutritifs et de la dégradation accélérée des sols.

Les nouvelles connaissances fournies par une série d’expérimentations internationales coordonnées par le CIFOR offrent aux gestionnaires des reboisements tropicaux une stratégie très prometteuse pour la conduite des plantations en vue d’améliorer la fertilité et la productivité à long terme des sols. Les essais menés sur 14 sites dans sept pays étudient des méthodes optimales pour recycler les résidus organiques qui sont en général enlevés lors de la coupe à blanc, comme stratégie pour enrichir le sol au cours des révolutions successives. Une monographie publiée en 1999 expose certaines des conclusions initiales de ce projet de recherche unique, qui a débuté en 1995.

Une découverte importante faite jusqu’à présent est que les nouveaux traitements d’enrichissement du sol testés semblent offrir une appoche plus valable pour la fertilisation des plantations que le brûlage des rémanents, qui est actuellement la technique la plus couramment utilisée dans la préparation du terrain après la coupe à blanc. Le brûlage des rémanents a un effet de "coup de fouet" sur la jeune plantation en libérant les éléments nutritifs contenus dans la litière organique, mais les résultats de cette recherche montrent que ce bénéfice est de relativement courte durée. Dans des essais comparant le brûlage des rémanents avec des méthodes de maintien de ces rémanents, les chercheurs ont constaté que la plus grande partie des éléments nutritifs mis à la disposition des jeunes arbres par le brûlage ne subsistait pas longtemps en raison du lessivage. Dans certains cas, les teneurs en éléments nutritifs retombaient aux niveaux d’avant le brûlage en l’espace d’un ou deux ans.

En outre, sur plusieurs des sites expérimentaux où la fertilité du sol était très basse, le maintien intégral des résidus organiques s’est avéré améliorer notablement la croissance des arbres avec le temps. "Nos recherches montrent que la libération lente de la même quantiité d’éléments nutritifs par décomposition est une méthode bien plus efficace [que le brûlage] en ce qui concerne la nutrition des arbres", déclare Christian Cossalter, spécialiste de la sylviculture qui coordonne l’expérimentation. Les méthodes étudiées ont des conséquences moindres pour l’environnement, du fait de la réduction du risque d’incendie et de la prévention d’émissions supplémentaires de carbone dans l’atmosphère.

Ces résultats encourageants ont conduit les gestionnaires de reboisements, pour au moins deux des sites expérimentaux, au Queensland (Australie) et au Congo, à incorporer les conclusions dans leurs pratiques actuelles.

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Etude des potentialités des forêts secondaires

Une masse croissante de résultats de recherche indiquent que les forêts secondaires, poussant sur des terrains où la forêt naturelle a été défrichée en vue de la culture ou du pâturage, sont susceptibles de fournir une grande partie des avantages des forêts primaires – depuis des produits forestiers non ligneux jusqu’à des services écologiques. C’est pourquoi, en encourageant les agriculteurs riverains de la forêt à maintenir de grandes parcelles de forêt secondaire plutôt que de la cultiver à nouvau après une période de jachère comme ils ont tendance à le faire, on pourrait accroître le couvert forestier dans de nombreux pays tropicaux.

Il faudra pour cela des incitations. Les chercheurs du CIFOR Joyotee Smith et César Sabogal étudient les moyens par lesquels les agriculteurs pourraient retirer un meilleur profit du maintien de plus grandes surfaces de forêt secondaire. Le CATIE au Costa Rica, et des organismes nationaux de recherche au Brésil, au Pérou et au Nicaragua participent très activement à ces recherches, qui sont financées par la Banque interaméricaine de développement, l’Office espagnol de la coopération internationale et PRODETAB, programme de la Banque mondiale et d’EMBRAPA au Brésil.

En 1999, les chercheurs ont poursuivi l’élaboration d’un modèle dynamique pour expliquer le cycle de l’agriculture itinérante et le rôle des forêts secondaires dans ce processus. La connaissance de ce cycle devrait faire apparaître les possibilités d’intervention pour encourager les ménages d’agriculteurs à maintenir davantage de forêt secondaire sur leurs exploitations. La plupart des forêts secondaires sont utilisées comme jachère pour enrichir le sol en vue de culture ultérieure. Elles peuvent aussi fournir des produits qui s’ajoutent à la production agricole et améliorent les conditions de vie des petits agriculteurs. Mais des parcelles de forêt secondaire pourraient aussi être conservées d’une manière plus permanente pour fournir des produits forestiers commerciaux ou dans un but écologique, comme de protéger les ressources en eau pour le bétail.

Les chercheurs ont conclu que des stratégies d’aménagement des forêts secondaires devraient faire partie d’une stratégie intégrée qui améliore en même temps la gestion des autres ressources naturelles des agriculteurs, telles que les terres agricoles et les forêts primaires résiduelles. Il faudra des stratégies différentes pour les zones de colonisation plus ou moins ancienne. Pour les zones d’installation la plus ancienne, l’utilité des forêts secondaires devra être maintenue en diminuant la pression en faveur de jachères plus courtes. Dans les zones les plus récentes, il faudra des politiques et des technologies pour prévenir de nouvelles conversions de forêt résiduelle à l’agriculture et maintenir des zones de jachère en forêt secondaire permanente.

Dans leur étude des facteurs qui influent sur l’étendue et l’utilisation des forêts secondaires, les chercheurs ont constaté que la surface de forêt secondaire diminue lorsque la densité de population s’accroît, en particulier lorsque celle-ci s’associe à un déclin de la productivité agricole. L’élevage extensif a un effet négatif sur le maintien tant de jachères forestières que de forêt primaire résiduelle.

Une possibilité intéressante qui est à l’étude est d’accroître la valeur attribuée aux forêts résiduelles en payant les agriculteurs pour le carbone emmagasiné dans les arbres, comme proposé au titre du Protocole de Kyoto. Un tel système pourrait inciter les agriculteurs à exclure les jachères forestières les plus anciennes du cycle de production agricole et à les maintenir comme forêt secondaire permanente.

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Aménagement des forêts de miombo au bénéfice des communautés africaines

En Afrique australe, le CIFOR travaille avec des institutions locales pour améliorer la gestion des forêts de miombo, qui constituent la plus vaste formation de forêt sèche dans le monde. Ces forêts, qui sont importantes pour l’existence de millions de personnes, sont menacées par la conversion en terres agricoles et la commercialisation d’une large gamme de produits forestiers.

Les chercheurs qui mènent des études en Tanzanie, au Malawi et au Zimbabwe, appuyées par l’Union européenne et la Communauté pour le développement de l’Afrique australe, examinent les effets des politiques nationales sur l’utilisation des forêts locales, ainsi que sur les structures des autorités locales. L’analyse des politiques est importante, parce que les modes d’utilisation des forêts varient notablement en fonction des politiques de prix agricoles, de redistribution des terres et d’ajustement structurel. Des modèles de simulation sont élaborés pour aider à l’analyse.

Des observations récentes montrent une dépendance accrue des populations vis-à-vis des forêts de miombo, qui pourrait avoir de graves conséquences pour leur survie. Les politiques étatiques ont réduit les appuis à l’agriculture, ce qui, associé à une forte inflation et à la dévaluation de la monnaie locale, a accru les coûts de la production agricole. Celle-ci étant devenue trop coûteuse et moins rentable, la population de la région s’est tournée vers les produits de la forêt pour en tirer ses moyens d’existence.

Dans une enquête sur six communautés de Tanzanie, les chercheurs ont constaté que les agriculteurs ne tiraient pas moins de 58 pour cent de leurs revenus en argent de la vente de miel, de charbon de bois, de bois de feu et de fruits sauvages récoltés en forêt. Le miel est le plus important produit commercialisé dans tous les villages. Cela soulève des préoccupations en ce qui concerne les forêts environnantes, parce que les apiculteurs tanzaniens confectionnent traditionnellement leurs ruches à partir d’écorce d’arbres. La production de charbon de bois, qui est plus importante dans les zones périurbaines à proximité des marchés, fournit plus d’un tiers des revenus en argent des ménages, soit en moyenne 445 $EU par famille et par an. Il est manifeste que la coupe de bois de carbonisation entraîne un déboisement et une dégradation rapides dans certaines zones.

Côté positif, note Godwin Kowero, coordinateur du projet sur les forêts de miombo, le commerce naissant de produits forestiers est susceptible de fournir une base plus large pour le développement d’entreprises locales et une diversification des ressources des ménages. Cela pourra réduire la dépendance vis-à-vis de l’agriculture – et par conséquent les défrichements en vue de la culture – en tant qu’unique moyen de survie. Dans des études connexes sur les institutions locales et les systèmes d’administration dans les trois pays précités, les chercheurs ont enregistré des succès et des échecs dans la gestion des systèmes de propriété collective.

En Tanzanie, par exemple, des succès remarquables ont été obtenus avec des réserves forestières communautaires. Etant donné que ces succès sont plutôt l’exception que la règle, la phase suivante du projet a pour objet de déterminer les facteurs qui contribuent au succès. Le projet étudie également l’exploitation industrielle à faible impact, avec des essais conduits en Zambie.

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Pressions humaines, pertes de biodiversité

Dans une réserve naturelle du sud de l’Inde, des chercheurs du Programme Biodiversité du CIFOR collaborent à une étude ayant pour objet d’appuyer la mise en place de stratégies efficaces de conservation en vue de protéger des espèces endémiques locales sans soustraire le parc à l’utilisation par les humains. Le Fonds Ashoka pour la recherche en écologie et environnement (ATREE) à Bangalore et l’Institut Tata de recherche sur l’énergie à New Delhi sont les principaux partenaires pour ce travail.

Le site de recherche est le Sanctuaire de faune de Biligiri Rangaswamy Temple, d’une superfiie de 540 kilomètres carrés. Il est situé dans les Ghâtes occidentales, réputées pour être l’un des principaux pôles de biodiversité du globe. Les activités humaines dans le parc – tourisme, développement commercial, installations humaines (de populations tribales et autres), agriculture, extraction de produits forestiers non ligneux, pâturage – gagnent en intensité, ce qui pose une menace croissante pour la faune et pour les forêts de la zone. Le projet étudie de manière quantitative les changements dans la biodiversité et dans la structure et la composition de la forêt, résultant de ces activités.

Une autre perturbation importante provient d’espèces végétales envahissantes. Certaines sont de plus en plus récoltées, notamment par les couches pauvres de la population, comme combustible, bois pour la fabrication de meubles, et autres usages. Les chercheurs étudient le mécanisme de cette invasion et les coûts et avantages de ces végétaux pour la biodiversité et pour la population, en vue d’élaborer des stratégies pour en atténuer les effets.

En 1999, des chercheurs de ce projet et d’autres études connexes dans la région ont entrepris une synthèse de leurs résultats de recherche sur la condition des forêts et leur utilisation à différentes échelles: de l’espèce, du paysage et de l’écosystème. Ces données seront utilisées pour construire un modèle global de simulation pour la zone, afin de fournir aux gestionnaires des éléments pour mieux décider où autoriser telle ou telle forme de mise en valeur afin de réduire au minimum les impacts écologiques et sociaux nuisibles. Selon l’écologue danois John Poulsen, qui travaille au CIFOR, l’analyse a mis en évidence, entre autres choses, des "zones de stress" sensibles, qui nécessitent des efforts de conservation plus intensifs.

Cette approche est susceptible d’intéresser de nombreuses autres administrations régionales et les services forestiers en Inde, où l’explosion démographique et les pressions sur les ressources naturelles qu’elle engendre suscitent de graves préoccupations sur l’avenir de la riche biodiversité du pays.

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"Le rôle des institutions et des valeurs traditionnelles dans la gestion des forêts naturelles a été sapé par les politiques socio-économiques actuelles."

Miombo Woodlands Research Briefs, août 1999

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