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Instruments et
méthodologies pour laménagement forestier |
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Un
"kit" pour construire des jeux de critères et indicateurs
Le travail de pionnier du
CIFOR en matière de "critères et indicateurs" de laménagement forestier
a marqué une étape importante en 1999 avec la publication de la "Panoplie"
("Tool Box") de critères et indicateurs. Ce programme informatique présente
des instructions pas à pas pour élaborer des ensembles de critères et indicateurs
pouvant être utilisés dans différentes conditions de forêt.
Les critères et
indicateurs constituent une méthode novatrice pour déterminer si une forêt est en bonne
santé et si sa gestion est rationnelle, indiquant ainsi si sa base de ressources ne
risque pas dêtre érodée de manière permanente. Les critères et indicateurs
mesurent une série de conditions en relation avec des facteurs tels que diversité
biologique, pratiques actuelles de gestion, et la qualité du sol, des eaux et de la
végétation. Les facteurs traduisant le bien-être social et économique des populations
autochtones qui vivent dans la forêt sont également un élément déterminant, parce que
ces conditions influent sur la manière dont la population locale utilise les ressources
forestières, avec prudence ou au contraire en les surexploitant.
Des critères ou
normes sont nécessaires pour indiquer les conditions désirées de ces diverses
catégories; les indicateurs sont des mesures pour juger si ces conditions sont remplies.
La combinaison particulière de critères et indicateurs qui convient à la mesure des
conditions dune forêt donnée varie selon les différents types de forêts et selon
les priorités des communautés. Les matériels contenus dans la panoplie guident les
utilisateurs dans le processus délaboration de critères et indicateurs "sur
mesure".
Le travail sur les
critères et indicateurs doit aller de pair avec les approches de gestion coopérative des
forêts étudiées par le Programme de cogestion adaptative (ACM) du CIFOR. Les modèles
de cogestion seront "adaptatifs" plutôt que fixes, à savoir que des
ajustements dans la planification et dans lexécution pourront être nécessaires si
les circonstances changent. Les critères et indicateurs peuvent aider à ce processus en
indiquant les conditions qui peuvent entraver la progression vers des objectifs convenus
dutilisation durable de la forêt.
Le travail du CIFOR pour
lélaboration de critères et indicateurs, qui a été conduit par Ravi Prabhu et
Carol Colfer, contribue à donner plus de cohérence et dharmonie au débat sur ce
qui constitue laménagement durable des forêts. La question nest pas
seulement importante pour des raisons écologiques. De plus en plus, lempressement
des consommateurs à acheter des produits provenant des forêts, et les décisions des
gouvernements pour autoriser les industriels du bois à exploiter les forêts, sont
conditionnés par la certitude que les forêts sont gérées dune manière qui
garantisse leur conservation à long terme. Cependant le Forest Stewardship Council,
lOrganisation internationale des bois tropicaux et de nombreuses autres
organisations ont établi des critères différents de laménagement durable.
Dans une phase initiale
de ce projet, le CIFOR a envoyé des équipes interdisciplinaires dexperts locaux et
internationaux dans des forêts dAutriche, du Brésil, du Cameroun, de la Côte
dIvoire, du Gabon, dAllemagne, dIndonésie et des Etats-Unis. Elles
avaient pour tâche dévaluer si des critères et indicateurs individuels proposés
par différents groupes semblaient utiles pour juger si les forêts faisant lobjet
de lanalyse étaient durablement aménagées. Des études complémentaires sur les
indicateurs de la biodiversité et du bien-être humain ont également été effectuées.
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"En définitive, on ne parviendra à un aménagement durable que si les
populations et les institutions concernées sont préparées à agir en fonction de
linformation dont elles disposent et à chercher une amélioration continue."
Ravi Prabhu, chercheur du CIFOR
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"La dure réalité est que ce sont les populations locales, souvent pauvres,
qui supportent le coût de programmes globaux de conservation de la biodiversité promus
par les Occidentaux."
Jeffrey A. Sayer, Directeur Général du CIFOR |
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En dépit du caractère
subjectif de la notion de gestion durable, les résultats ont révélé un degré
surprenant dacccord général sur ses principaux éléments. Cela a permis à
léquipe de dégager six principes fondamentaux et environ 25 critères relatifs à
la politique, à lécologie, aux conditions sociales et à la production, que la
plupart des experts ont estimés utiles. Ils constituent la base de la Panoplie de
critères et indicateurs. Celle-ci est progressivement traduite en plusieurs langues, et
il y a une forte demande de stages de formation.
Les principaux donateurs
qui ont appuyé ce travail sont lUnion européenne, lOffice allemand de la
coopération technique (GTZ), lOrganisation africaine du bois, la Direction
générale de la Coopération internationale des Pays-Bas, lUSAID, la Fondation
Ford, lOffice suisse de développement, la Fondation MacArthur, et le Centre de
recherches pour le développement international du Canada (CRDI). |
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FLORES: un modèle dynamique pour les décisions concernant
les forêts et lutilisation des terres
Le projet du CIFOR ayant
pour objet délaborer un modèle de simulation pour laménagement forestier et
la planification de lutilisation des sols est passé du stade de conception à la
mise sur pied en 1999 dun prototype opérationnel. Lors dun séminaire
intensif dune semaine en janvier, plusieurs dizaines de programmeurs, spécialistes
de modélisation, spécialistes des ressources naturelles et experts forestiers se sont
réunis à Bukittinggi (Nord Sumatra) pour élaborer une version préliminaire de FLORES
(Forest Land Oriented Resource Envisioning System).
Une fois achevé, FLORES
fonctionnera un peu comme SimCity, jeu électronique populaire dans lequel les joueurs
élaborent un ensemble urbain à partir dun terrain nu. SimCity est un jeu, tandis
que FLORES est conçu comme un outil de recherche et de planification. En reproduisant les
conditions de la réalité et en montrant les relations de cause à effet, il permettra à
de nombreuses catégories de personnes depuis des dirigeants et des aménagistes
des ressources jusquà des organisations agricoles locales et des villageois
de prendre de meilleures décisions au sujet de lutilisation et de la conservation
des forêts. Quel est, par exemple, le meilleur emplacement pour implanter un
établissement humain, pour délimiter un parc en vue de la conservation de la faune ou
pour étendre des terres agricoles ? Si lon améliore une route, cela
accroîtra-t-il le déboisement ? Lutilisation actuelle des terres dans une
certaine zone provoque-t-elle des dommages écologiques involontaires, et si cest le
cas, quelle est la meilleure solution pour y remédier ?
Etant donné que des
questions de ce genre mettent en jeu les relations entre la population et le paysage qui
lentoure, FLORES sera dynamique et interactif. "Nous ne construisons pas un
puzzle là où il ny a quun scénario possible, et nous pouvons dire quand il
est au point" déclare Jerry Vanclay, forestier et spécialiste de modélisation qui
coordonne le projet. "Nous consstruisons une mosaïque, dans laquelle il y a des
options innombrables, et les groupes de personnes qui peuvent être concernés doivent
décider quelle est la "meilleure" solution".
LInstitut
décologie et daménagement des ressources de lUniversité
dEdimbourg est lun des principaux partenaires du projet, qui a reçu un
financement important du Département du développement international du Royaum-Uni. Des
informaticiens de luniversité ont mis au point le système de modélisation
original, appelé AME, qui est utilisé pour créer FLORES.
La réunion "sur le
tas" de janvier a démontré que ce que cherche à faire léquipe de FLORES est
techniquement possible, et a suggéré les adaptations qui apparaissaient nécessaires.
Léquipe de conception doit se réunir au Zimbabwe début 2000 pour la phase
suivante délaboration.
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"Si les mesures visant à améliorer les rendements des cultures vivrières
et de lélevage ne sont pas fondées sur une parfaite connaissance des besoins et
des choix des populations pauvres et ne tiennent pas compte de lécologie des
systèmes concernés, la pauvreté ne sera pas éradiquée."
Consensus de Bilderberg |
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Une approche multidisciplinaire de
lévaluation des terroirs
Dans la planification et
laménagement de lutilisation des terres, on fait généralement peu de cas de
ce que les forêts signifient pour les gens qui y vivent. En conséquence, les
communautés locales subissent souvent des effets négatifs de stratégies concernant la
protection de la biodiversité, laccès aux concessions, et autres questions
dutilisation et de conservation des forêts. En 1999 le CIFOR a lancé un projet
pilote dans la forêt de recherche de Bulungan en vue de renverser cette situation en
élaborant une nouvelle approche de la biodiversité et de lévaluation des terroirs
qui reflète les besoins et les préférences des populations tributaires des forêts.
Ce travail exploratoire,
dirigé par le biologiste Doug Sheil, sinscrit dans des études plus générales
financées par lOrganisation internationale des bois tropicaux. Ses résultats
contribueront de manière importante aux recherches de longue durée menées par le CIFOR
à Bulungan. Les membres de léquipe détude représentent de nombreuses
disciplines, afin dassurer que soient prises en compte dans lévaluation
toutes les différentes valeurs que les forêts représentent pour les communautés
concernées. Le projet a adopté une approche à léchelle du terroir, parce que
lagriculture itinérante, les forêts primaires et secondaires, les cours deau
et autres éléments du terroir agricole et forestier sont étroitement liés entre eux
pour pourvoir aux besoins des communautés.
Guidés par les habitants
de deux villages Dayak, Paya Seturan et Long Rian, les chercheurs ont procédé à un
recensement par parcelles des plantes, animaux, types de sols, cours deau et autres
aspects de la forêt, et ont classé ces éléments en fonction des bénéfices relatifs
quils procurent. Ils ont constaté que la population locale apprécie la forêt
principalement en tant que source daliments surtout gibier, poissons, sagou
et fruits , et que les plantes médicinales et les matériaux pour lartisanat
et la construction sont également considérés comme importants. Un autre avantage de la
forêt très apprécié est son rôle d"assurance". De nombreux habitants
considèrent la forêt comme une réserve de ressources essentielles en cas de calamités
telles que mauvaises récoltes préoccupation importante dans cette région où les
inondations et les sécheresses sont fréquentes. Nombre dentre eux sont
préoccupés par la raréfaction constatée des gibiers quils chassent, ainsi que
dautres produits de la forêt; cest ainsi par exemple que le rotang sest
raréfié depuis quelques années. De telles inquiétudes risquent de saccroître à
mesure que les exploitants forestiers et les sociétés minières, et autres intérêts
extérieurs, accroissent leur emprise sur le territoire.
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Vers des méthodes intégrées daménagement des
ressources
Depuis près de 30 ans
les centres du GCRAI jouent un rôle de premier plan dans les efforts tendant à éliminer
la pauvreté, nourrir les populations affamées et assurer la sécurité alimentaire à
long terme. Aujourdhui, la complexité et linterdépendance croissante entre
les peuples obligent le GCRAI à repenser la manière dont il remplit sa tâche. Le CIFOR
a joué un grand rôle dans cette mutation qui a amené le GCRAI à se départir de la
primauté donnée traditionnellement à laccroissement de la productivité de biens
pour se tourner vers une recherche qui traite les problèmes du développement à travers
les écosystèmes.
Un appui en faveur
dun tel changement sest développé au GCRAI au cours des dix dernières
années. Mais peu de suite y a été donnée. Un colloque organisé en septembre aux
Pays-Bas par le Comité des directeurs de centres du GCRAI a suscité un engagement
renouvelé à poursuivre une approche large, désignée sous le terme daménagement
intégré des ressources naturelles. Le Directeur général du CIFOR, Jeffrey A. Sayer,
président du Comité sur laménagement durable et lenvironnement du Groupe, a
présidé cette réunion qui a bénéficié dun financement des Pays-Bas et du
Département du développement international du Royaume-Uni.
Dans une déclaration
conjointe qui a reçu lappellation de "Consensus de Bilderberg", du nom de
la localité où sest tenu le colloque, le groupe a suggéré les moyens selon
lesquels les centres du GCRAI et les institutions partenaires pourraient appliquer cette
approche daménagement intégré pour résoudre ces problèmes et dautres. Ils
ont, entre autres, plaidé en faveur dune recherche plus interdisciplinaire,
dun recours accru à des technologies avancées pour améliorer la connaissance et
lanalyse, dune meilleure coopération entre organisations ayant des
connaissances et des compétences complémentaires, dune plus grande attention aux
racines profondes de la dégradation des ressources naturelles, de liens plus directs avec
les objectifs de développement, et dune plus grande généralisabilité des
résultats.
Les conclusions de ce
colloque ont été soumises au Comité technique consultatif du GCRAI, et présentées à
la Semaine des Centres internationaux GCRAI en octobre à Washington, D.C. Une réunion
ultérieure est prévue en 2000. Entre temps, un site Internet créé par le Groupe des
Services dinformation du CIFOR aide à la discussion sur ce sujet. |
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