Pourquoi le renforcement des capacités en matière de gestion de projet est-il important dans le domaine de la recherche ?

Questions-réponses avec Richard Eba’a Atyi du CIFOR-ICRAF et Donald Midoko Iponga de l’IRET.

En avril 2023, le programme RESSAC (Recherche en Ecologie et Sciences Sociales en Afrique centrale), financé par l’Union Européenne et mis en œuvre par CIFOR-ICRAF à travers son bureau régional pour l’Afrique centrale, a lancé la première d’une série de formations sur le cycle de gestion de projet à l’intention des représentants des instituts de recherche, universités, administrations publiques et société civile des pays d’Afrique centrale.

Richard Eba’a Atyi, Coordinateur du CIFOR-ICRAF pour l’Afrique centrale

Qu’est-ce qu’est le programme RESSAC ?

L’objectif général du programme RESSAC est de promouvoir des modes de gestion des écosystèmes forestiers qui répondent aux attentes des acteurs locaux, contribuent durablement au développement des économies nationales, et participent aux efforts globaux pour maintenir la biodiversité mondiale et lutter contre les changements climatiques. Il vise à renforcer l’impact de la recherche sur la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale. Le programme RESSAC comporte quatre résultats attendus dont un sur le renforcement des capacités de nos partenaires d’Afrique centrale, dans le cadre duquel nous proposons d’organiser une série de formations dont la première a eu lieu à Libreville en partenariat avec l’Institut de Recherches en Ecologie Tropicale (IRET).

Quel est le lien entre la recherche et la gestion des projets ?

La valeur ajoutée escomptée du programme RESSAC ne réside pas seulement dans le fait que ce programme permette de financer des recherches en écologie et en sciences sociales en appui à la gestion durable des forêts d’Afrique centrale. Le programme vise également à accompagner et à encadrer ces bénéficiaires dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets à mesure d’influencer rapidement et de façon concrète les modes de fonctionnement et de production des acteurs de terrain impliqués dans la gestion et l’exploitation des ressources naturelles dans le bassin du Congo. Il est donc important que les chercheurs et les universitaires soient outillés pour préparer et présenter des projets de grande valeur susceptibles d’attirer plus de financements pour la sous-région de l’Afrique centrale. Pour une recherche orientée vers le développement durable, il est urgent de trouver  des financements durables qui ne peuvent être assurés que par des projets de grande qualité.

Pourquoi un accent sur la recherche et le renforcement de capacités en Afrique centrale ?

Les forêts du bassin du Congo hébergent quelques 30 millions de personnes et fournissent les moyens de subsistance à plus 75 millions de personnes appartenant à environ 150 groupes ethniques qui dépendent des ressources naturelles locales pour leurs besoins alimentaires et nutritionnels, de santé et de subsistance. Au niveau mondial, la capacité de ces forêts représente environ 25 pour cent du carbone total stocké dans les forêts tropicales du monde qui atténuent les émissions anthropiques et jouent ainsi un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, malgré leur importance capitale, une étude faite par le CIFOR-ICRAF en 2019 sur les flux financiers internationaux en faveur du secteur Forêt-Environnement d’Afrique centrale démontre que l’Afrique centrale, qui comporte le Bassin du Congo, ne capte que 11,5% des financements internationaux alloués à la gestion et à la conservation des forêts tropicales. De manière globale, l’Afrique centrale reçoit peu de financements par rapport aux autres grandes régions tropicales du monde. Or, des faibles montants reçus, moins de 1% va à la recherche. Une des raisons de cette situation (mais pas la seule) réside dans la faible capacité de nos chercheurs et scientifiques de soumettre des projets de recherche de haute qualité et de rassurer dans leurs capacités de gestion.

Donald Mipoko Iponga, Directeur de l’Institut de Recherches en Ecologie Tropicale de Libreville

Quelles raisons expliqueraient cette inégalité criarde ?

L’appui des gouvernements ne suffit pas pour répondre aux besoins de la sous-région, raison pour laquelle le financement des sources internationales est important pour la mise en œuvre des projets en Afrique centrale. Par ailleurs, la faible capacité des acteurs de la sous-région d’Afrique centrale à soumettre des propositions de projet de grande qualité qui soient bancables à ces sources de financement internationales pourrait expliquer l’écart de financements entre les continents. Cette faible capacité concerne particulièrement les secteurs de la recherche et de la formation qui bénéficient de moins de 1% des financements alloués à l’Afrique centrale. Pourtant, nous sommes convaincus que la recherche et la formation constituent la clé de voûte de toute quête de développement durable. Nous espérons aussi que la collaboration établie avec le CIFOR-ICRAF permettra aux instituts qui ont participés à cette formation dont l’IRET de créer des réseaux pouvant avoir un impact au niveau national, sous-régionale et internationale.

En quoi une telle formation est bénéfique pour un centre de recherche comme l’IRET ?

Cette formation sur l’élaboration et la gestion des projets vient à point nommé étant donné que nous sommes au lendemain du ‘One Forest Summit’ qui s’est tenu ici même à Libreville. L’une des faiblesses identifiées pour les centres de recherches au niveau sous-régionale lors de ce sommet est leur faible capacité à attirer des financements. Les partenaires avec lesquels nous travaillons ont compris à travers les statistiques que nos centres de recherches et universités ont besoin d’être boostés pour se positionner à la hauteur du rôle important des forêts du bassin du Congo pour une meilleure gestion durable des écosystèmes forestiers.

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A PROPOS DU CIFOR

Le CIFOR-ICRAF (Centre de recherche forestière internationale et Centre international de recherche en agroforesterie) agit en faveur d’un monde plus équitable où les arbres dans tous les paysages, des milieux arides aux tropiques humides, contribuent à l’équilibre environnemental et à la qualité de vie des populations. Le CIFOR-ICRAF est un centre de recherche du CGIAR.

A PROPOS DE L’IRET

L’IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropicale) est un organisme de recherche spécialisé dans l’étude du fonctionnement global des écosystèmes en milieu gabonais, leur stabilité et leur potentiel de transformation. L’IRET regroupe quatre départements, deux laboratoires et deux stations de recherche.

Contact média :

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Martin Susilo