Par Fabrice Fotso Kengne
Depuis une vingtaine d’années, plusieurs pays d’Afrique centrale se sont engagés dans des initiatives de foresterie sociale, notamment en offrant aux populations locales la possibilité de création et gestion des forêts communautaires. Ces portions du domaine forestier, affectées aux communautés villageoises en vue de mener des activités ou d’entreprendre des processus dynamiques pour une gestion durable des ressources naturelles, poursuivent deux objectifs essentiels : faciliter une gestion durable de l’espace forestier par les communautés permettant entre autres de maintenir le couvert forestier, et surtout leur offrir des options de développement qui contribueraient à les sortir de la pauvreté.
L’étude post doctorale« Economie politique de la foresterie communautaire en Afrique centrale : les communautés locales sont-elles les principaux bénéficiaires ? », menée par Fabrice Fotso Kengne est une étude qui s’interroge sur la pertinence et l’efficience du modèle de foresterie communautaire, tel qu’il a été conçu et appliqué en Afrique centrale, à répondre aux intérêts, perceptions, capacités et règles d’usage des populations locales dans l’utilisation de leurs espaces traditionnels.
Conduite selon une démarche inédite, dans le cadre du programme RESSAC, ce projet de recherche bénéficie de l’appui du Centre de Recherche Forestière Internationale et le Centre International de recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF). et de l’IRAF (Institut pour la Recherche Agricole et Forestière) au Gabon, et deux organisations de la société civile que sont le SAILD (Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement) au Cameroun et APEM (Actions pour la Protection et la Protection des Peuples et Espèces Menacés) en République Démocratique du Congo.
Après la première phase des enquêtes de terrain qui s’est déroulée au Cameroun de Mai à août 2023, le Dr kengne a effectué un séjour de recherche pour la poursuite de l’étude en République Démocratique du Congo, du 16 janvier au 09 février 2024. Ce séjour lui a permis de rencontrer des organisations d’appui du processus de foresterie communautaire dans ce pays, avec pour objectif de lancer la phase de collecte des données sur le niveau de soutien fourni aux Concessions Forestières des Communautés Locales et les modalités pratiques des appuis apporté depuis le lancement effectif du processus en 2016. Le séjour lui a également permis de rencontrer des populations bénéficiaires de Concessions Forestières des Communautés Locales (CFCL) afin d’engager avec elles les discussions sur les avancées du processus, les activités concrètes mises en œuvre et leurs impacts à l’échelle locale.
Accueilli par l’équipe d’APEM à Kinshasa avec qui il a pu discuter des contours et du contexte spécifique de la RDC dans lequel s’inscrit l’étude, le séjour du Dr Kengne l’a ensuite conduit à Sia, Mikwi et Bwasa, trois localités situées dans la Province de Kwilu, et engagées depuis 2018 dans le processus de foresterie communautaire. .
La phase de collecte de données se poursuivra (avec l’appui de l’étudiante _ajouté son nom) dans d’autres Provinces de la RDC auprès des communautés engagées dans la gestion et l’exploitation des CFCL et auprès d’autres organisations nationales ou internationales d’appui. A terme, l’étude d’une durée totale de 18 mois (janvier 2023 – juin 2024), permettra de présenter le bilan des impacts de vingt ans de foresterie communautaire en Afrique centrale et l’analyse des mécanismes qui ont empêché les populations rurales d’en être les principaux bénéficiaires.
Financé par l’Union Européenne, le programme RESSAC (Recherches appliquées en Ecologie et Sciences Sociales, en appui à la gestion durable des Ecosystèmes forestiers en Afrique centrale) vise à renforcer les connaissances en sciences sociales et en écologie sur les modes de gestion et de valorisation des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale et promouvoir leur utilisation dans des modes opératoires des acteurs ciblés et dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques publiques et programmes d’aide au développement durable en Afrique centrale.
Après l’étape de la RDC, le chercheur se rendra au Gabon, pour la poursuite de la collecte des données dans ce pays, entamée par l’équipe de l’IRAF depuis le mois de Mai 2023.