L’itinérance et brûlis
« On parle souvent du premier poumon, l’Amazonie, et du deuxième, le bassin du Congo », développe Paolo Cerutti, expert du Centre pour la recherche forestière internationale (Cifor) et chef des opérations menées ici par cet organisme basé en Indonésie. « Mais on commence à avoir des preuves que l’Amazonie devient plutôt un émetteur. On mise donc beaucoup sur le bassin du Congo, notamment la RDC qui compte 160 millions d’hectares de forêt encore capables d’absorber le carbone. »
Mais là aussi la forêt est menacée : « L’année passée, le pays a perdu un demi-million d’hectares », dit-il. L’exploitation industrielle ou illégale contribue à la déforestation, mais la raison principale est selon lui « l’agriculture itinérante sur brûlis ». Les villageois cultivent, récoltent et, quand la terre s’appauvrit et que les rendements diminuent, ils vont plus loin, défrichent, brûlent, et recommencent. Avec l’explosion démographique, la forêt risque donc de disparaître.
« On la pensait inépuisable… Mais ici, il n’y a plus d’arbres », se désole Jean-Pierre Botomoito, chef de secteur à Yanonge, à 40 km de Yangambi. Il faut parcourir de longues distances, à pied ou à vélo sur des sentiers étroits et boueux, pour trouver les chenilles qui colonisent certains arbres et que les Congolais adorent manger. Ou pour avoir de quoi fabriquer du charbon de bois, appelé « makala », qui, faute d’électricité, est abondamment utilisé pour la cuisine.